« À travers un geste mécanique, je cherche l’état de transe. Le stylo au bout de mes doigts, dissocié de mon esprit, suit sa course. Il trace une ligne, un horizon, un paysage. Reflets d’un état d’esprit, de la poésie de l’instant »
C’est au cours de mes études à l’école d’art de Grenoble que j’ai commencé à dessiner au stylo à bille. A cette époque déjà, je randonnais dans le massif des Ecrins, je marchais, j’arpentais les Alpes et me fascinais doucement pour la montagne. Cette montagne qui semblait toujours enveloppée d’un voile bleu m’insufflait rêveries et inspiration…
Fuyant mon 16m2, je cherchais des endroits vastes et ouverts pour laisser libre cours à mon imagination. Sans y prendre garde, j’emportais un carnet et une trousse contenant les basiques : un crayon graphite, un taille-crayon, une gomme et un stylo à bille.
Je me suis rendu compte de la chance que j’avais de pouvoir poursuivre ma pratique artistique non seulement en dehors de l’école mais aussi en dehors de chez moi. Je travaillais alors sur des petits formats, (pas plus grands qu’un A4) ce qui me permettait de dessiner partout et en toutes circonstances : dans le train, en randonnée, dans un café, à la bibliothèque…
Aujourd’hui, je crois qu’avoir cette possibilité de ne pas dépendre d’un lieu de création, de réalisation, m’est indispensable. Dépasser les murs de l’atelier, être ici ou ailleurs, peu importe, je trouverai n’importe où une feuille de papier et un stylo.
Depuis, je continue à dessiner au stylo à bille à encre bleue. Cette couleur aux échos de montagnes, de ciels, de paysages embués, d’océans. Une couleur qui créée de l’espace, un souffle poétique, une aspiration au calme, au plus vaste, au rêve. Ce que je dessine c’est une émotion, une pensée survenue aux cours de mes nombreuses marches. Car le corps en mouvement, laisse toute la place aux divagations. Ce pas répété inlassablement, ce geste mécanique, le rythme et la respiration, c’est cela que je retranscris dans mes dessins. A travers un geste mécanique, je cherche l’état de transe. Le stylo au bout de mes doigts, dissocié de mon esprit, suit sa course. Il trace une ligne, un horizon, un paysage. Reflets d’un état d’esprit, de la poésie de l’instant. Je poursuis mes itinérances, mes balades bleues. Dernièrement, pour une exposition, j’ai dû résumer mon travail en une seule phrase, la voici :
« Itinérances pour qui chemine et s’égare sur les sentiers de la rêverie : une parenthèse (poétique) les yeux dans le paysage »
Et je crois qu’elle résume bien les choses.
